Son article coup de poing n’est pas passé inaperçu. Lundi 27 juin, Fatou, du blog BlackBeautyBag a écrit un article intitulé “Je m’appelle Fatou, ça vous pose un problème ?”. Dès le titre de l’article, le ton est lancé. La blogueuse, connue pour ne pas pratiquer la langue de bois, fait part d’un problème de société dont les médias parlent peu souvent. Revenant d’abord sur la polémique déclenchée à la suite de l’émission de radio de Cauet dans laquelle le chanteur Keen V chantait sa chanson “Fatoumata elle t’a maté” accompagné d’un animateur “déguisé en noir” avec une perruque afro. Un acte qu’elle considère, comme beaucoup d’internautes comme du “blackface”. L’occasion pour la jeune femme de revenir sur son propre prénom, utilisé à tort à travers comme une expression péjorative. 

Selon Fatou, la communauté noire serait elle-même responsable de la stigmatisation des femmes noires, notamment à cause de nombreux articles publiés sur les réseaux sociaux tels “Pourquoi je suis noir mais je ne sors pas avec des noires”. “A mon grand regret, je remarque avec tristesse que ma communauté est celle qui a le moins de respect pour ses femmes, soeurs ou mères et qui le distille sur les réseaux sociaux” déclare-t-elle sur son blog. Afin d’en finir avec les clichés sur son prénom, utilisé pour décrire “une fille noire mal éduquée, qui crie dans la rue, qui a un look vestimentaire désastreux, qui traîne à Châtelet les Halles ou à gare du Nord”, la jeune femme est revenue sur les origines de son prénom, très respecté dans l’Islam mais aussi dans d’autres cultures.

Ne comprenant pas comment on peut prendre un prénom et en faire un mot vulgaire, elle attaque directement certains hommes de sa communauté, qui malgré le racisme qu’ils vivent, font subir la même chose aux femmes. Excédée que l’on parle toujours de “la mauvaise graine des cités” sans mettre en avant les femmes de cité qui comme elles, réussissent et s’expriment correctement, Fatou rappelle à ceux qui en douteraient encore que l’on peut venir de cité sans correspondre aux clichés véhiculés dans les médias. Des clichés que la blogueuse a elle-même vécu en tant que blogueuse : “Je ne compte pas le nombre de fois où des hommes et femmes noir(e)s ont été étonnés en m’entendant m’exprimer lorsqu’ils ont su que je m’appelais “Fatou”, déplore-t-elle.

Ce pamphlet anti racisme a eu l’effet d’une petite bombe sur les réseaux sociaux. En lançant un appel à toutes les filles portant le même prénom en les encourageant à en être fière, Fatou a engendré une réelle prise de conscience.