Sur sa chaîne YouTube baptisée “Dans Ton Corps”, Julien Ménielle s’intéresse de près au domaine de la santé. Dans la vraie vie, c’est un homme aux multiples casquettes : avant d’ouvrir sa chaîne, il a été infirmier et journaliste. Aujourd’hui, il est aussi auteur et comédien. Rencontre avec ce YouTubeur accompli qui multiplie les projets grâce à son énergie débordante. 

Influenth – Bonjour Julien, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions ! Pour commencer, peux-tu te présenter aux lecteurs d’Influenth et leur raconter ton parcours ?

Julien – Salut, avec plaisir. Je m’appelle Julien Ménielle, je tiens une chaîne YouTube qui parle de santé au sens très large et qui s’appelle Dans ton corps. Je suis aussi auteur et comédien mais avant tout ça, j’ai été infirmier puis journaliste.

 

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Influenth – Tu as été infirmier pendant de nombreuses années avant de devenir journaliste. Comment est né ton intérêt pour le domaine médical et pourquoi avoir choisi de te reconvertir dans le journalisme plus tard ? Cette décision a-t-elle été difficile à prendre, as-tu eu des peurs ou des doutes ? Avec du recul, es-tu heureux de tes choix, de ton parcours ?

Julien – A vrai dire, je suis devenu infirmier un peu par hasard. J’avais commencé une fac de langue, ça ne me convenait pas du tout, j’ai vite laissé tomber et j’ai bossé dans une crèche. J’adorais mais je me suis dit qu’il fallait que je reprenne mes études, et ma sœur voulait devenir infirmière. Quand elle est allée chercher le dossier d’inscription, je lui ai demandé de m’en prendre un. J’ai passé le concours et j’ai été pris. Ça a été des années humainement indescriptibles, je n’ai jamais regretté. Mais au bout d’un moment, malgré plusieurs changements de domaine d’activité, j’ai eu l’impression de ne plus pouvoir faire mon métier dans des conditions correctes alors je me suis dit qu’il fallait changer. J’aimais écrire, j’aimais raconter des histoires, les images, la vidéo, et surtout j’avais envie de bosser sur le Web. J’avais un blog, mais à l’époque on ne pouvais pas en vivre. On m’a conseillé le journalisme, j’ai passé le concours de l’école des métiers de l’infomations, je l’ai eu et hop. Évidemment, je dis ça comme si ça avait été facile, mais bien sûr que c’était très flippant, un vrai saut dans le vide. Sans compter que plusieurs personnes m’ont dit que mon projet ne tenait pas la route. J’étais déterminé, j’ai sécurisé tout ça et je me suis lancé. Et ça a marché.

Influenth – Durant ton expérience en tant que journaliste, tu as notamment été rédacteur en chef au pôle vidéo de 20 minutes. Peux-tu nous raconter comment tu en es arrivé à obtenir ce poste ? Que t’’a apportée cette expérience professionnelle, qu’as-tu appris grâce à celle-ci ?

Julien – Mon premier et seul poste de journaliste, ça a été chez 20 Minutes, où je suis arrivé en 2008 comme stagiaire à la fin de mes études à l’EMI CFD. A cette époque, il y avait un jeune homme prénommé Cyprien, recruté par Johan Hufnagel, le red chef de l’époque, qui trouvait qu’il y avait sans doute du potentiel dans cette manière de raconter des trucs face cam en vidéo (le flair). On a sympathisé, et quand il a lancé Le Rewind, sa « webchronique » d’abord hebdomadaire puis quotidienne, j’ai participé d’abord ponctuellement puis tous les jours. Je faisais les intros et des sketchs avec lui. Parallèlement, la vidéo montait en puissance, et comme c’est un format qui m’a toujours plu, je m’y suis intéressé. Et un jour, avec un collègue, j’ai monté le projet d’une équipe vidéo chez 20 Minutes. On l’a présenté à la direction, ils l’ont validé et m’ont nommé pour la diriger. Ça m’a permis d’apprendre à monter une ligne édito pour de la vidéo, de la gérer au quotidien, d’imaginer et de développer des formats de vidéos, pour l’actu ou plutôt entertainment, ou les deux. Ça m’a aussi permis de continuer à apparaître dans des vidéos, dans des interviews avec des formats très différents de ce qui se faisait à l’époque (et qui sont devenus assez courants aujourd’hui, genre chez Konbini), ou en face cam.

Influenth – Tu as ouvert la chaîne “Dans Ton Corps” en 2016 et aujourd’hui, celle-ci compte plus de 623 000 abonnés. Comment t’est venue l’envie de te lancer dans ce projet ? Choisir de parler de sujets liés à la santé était-il une évidence ? Quels objectifs souhaitais-tu atteindre ou accomplir avec l’ouverture de ta chaîne ?

Julien – C’est à la fois un choix de coeur et de raison. J’avoue qu’au départ, j’étais tenté de me lancer dans l’humour, dans la fiction pure. Et puis je me suis dit qu’il y avait déjà pas mal de monde sur ce créneau et que je pouvais sûrement apporter autre chose. Je me suis dit que la santé, ça concernait tout le monde et qu’il y avait pas mal de messages à faire passer. Donc j’ai imaginé cette chaîne qui donne des infos sur la santé, toujours sérieusement mais toujours avec des vannes et des références marrantes. Le but, c’est qu’à la fin de la vidéo, la personne qui l’a regardée ait passé un bon moment, se soit marré, ait appris quelque chose et ait retenu un message utile en matière de prévention pour sa santé ou celle des autres.

Influenth – Es-tu seul à travailler sur “Dans Ton Corps” ? Comment t’organises-tu pour créer tes vidéos, peux-tu nous parler du process que tu as établi ? Où puises-tu tes nouvelles idées de sujets et de formats ? Dès le départ, était-il évident que tu allais parler de ce domaine de façon décomplexée, avec une touche d’humour pour rendre le tout ludique et accessible à tous ou est-ce quelque chose qui s’est imposé avec le temps ?

Julien – Pour moi, c’était évident que j’allais fonctionner comme ça, c’est déjà de cette manière que j’expliquais les choses aux patients quand je travaillais comme infirmier, à l’hôpital ou à domicile. Je travaille seul pour la partie éditoriale : je choisis les sujets en fonction de mes idées, de mes envies, des demandes de mes abonnés ou de celles de mes potes. Quand un sujet ne colle pas avec mon format initial en face cam pur, j’essaie toujours de trouver le meilleur format pour le traiter quand même. Après ça devient un format récurrent ou pas, peu importe. Le process est simple : j’écris mes vidéos sur environ 3 ou 4 semaines, puis je les tourne en une journée, et on passe au montage avant de programmer les diffusions. Et ça recommence. Évidemment, je ne travaille pas seul : pour toute la partie technique, il y a mon ami Romain Vitiello, rencontré chez 20 Minutes. Il fait tout : le cadre, le son, les lumières, le montages, les effets, il trouve des illustrations marrantes… C’est l’autre moitié de DTC, d’ailleurs on l’entend ou on le voit dans les intros et les sketchs. Et puis bien sûr, il y a les gens de Mixicom, le network qui coproduit ma chaîne, notamment pour la partie commerciale.

Influenth – Tu as créé un format dans lequel tu t’intéresses aux maladies de personnalités célèbres du web, comme par exemple Dr Nozman et le syndrome de la Tourette, ou encore Emmy (anciennement EmmyMakeUpPro) et le lipoedème. Comment t’est venue l’idée de ce format ? Certains des créateurs de contenus interviewés ont-il eu des réticences à partager leur maladie et leurs expériences ? Quelle a été pour toi la rencontre qui t’a le plus marqué et pourquoi ?

Julien – J’avais fait une vidéo avec une combinaison qui simulait les effets du vieillissement et de nombreux abonnés m’ont demandé d’en faire sur divers handicaps ou maladies. J’étais mal à l’aise à l’idée de « faire semblant » mais je trouvais important d’avoir des témoignages concrets, sur le quotidien et les choses auxquelles on ne pense pas forcément. Donc j’ai imaginé ce format, en invitant d’abord des personnes avec une notoriété pour m’assurer de deux choses : que les gens allaient s’intéresser aux sujets, parfois un peu abscons, et que les « témoins » seraient à l’aise face à la caméra. J’ai déjà invité des gens qui n’étaient pas connus et je le ferai sans doute encore. Globalement, les invités ont été ravis de venir raconter leur histoire, pour eux-mêmes et pour le message encourageant que ça envoie à ceux qui sont touchés par les mêmes choses, ou des choses similaires. Certaines et certains ont eu besoin d’un temps pour se préparer, parce que c’est très intimes, et que certain.e.s n’en avaient jamais parlé. Mais sans vouloir parler à leur place, je pense pouvoir affirmer que tout le monde a été content de le faire. Je ne pourrais pas sortir une de ces rencontres du lot, elles ont toutes été très riches en connaissances et surtout en émotions.

Influenth – Il y a plus de deux ans maintenant, tu as également lancé un format dans lequel tu sers de cobaye pour montrer comment fonctionne réellement le détatouage par laser. La série continue, puisque le tatouage que tu as réalisé n’est pas encore totalement effacé. Quel bilan tires-tu de cette expérience ? Si tu devais recommencer, le ferais-tu ? D’ailleurs, comptes-tu créer d’autres formats de ce type ?

Julien – En fait, ce format, c’est un format que j’avais déjà mis en place en testant par exemple l’isolation sensorielle ou la cryothérapie. Juste, là, c’était poussé un peu plus loin parce que je me suis fait tatouer pour l’occasion, et parce qu’effectivement, ça dure dans le temps. Pour moi l’expérience est très positive, puisque le but c’était de vérifier si vraiment, le laser c’était aussi magique que les vidéos promotionnelles ont l’air de le prétendre. J’ai démontré que non et ça me semble précieux pour les gens qui envisagent de se faire tatouer ou de se faire détatouer. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Y a que ma fesse gauche qui trouve quelque chose à y redire, mais c’est moi qui commande.

Influenth – Tu as vu les premières générations de YouTubeur émerger, notamment quand tu travaillais encore chez 20 minutes. Aujourd’hui, que penses-tu de l’influence en général, et plus particulièrement de l’évolution de YouTube, tant du côté des créateurs de contenus que de la plateforme en elle-même ?

Julien – C’est hyper compliqué comme question ! Déjà, qu’est-ce que c’est l’influence ? Est-ce qu’on met toutes les opé sur le même plan ? Genre quand je relaie un hackathon sur la santé sexuelle des jeunes sur Instagram, quand je le fais -moi ou d’autres- pour l’événement d’une marque et quand certain.e.s mettent en avant des sites de dropshipping plus ou moins clean ? En ce qui me concerne, parce que je ne veux parler que pour moi, j’estime que mes vidéos, c’’est déjà de l’influence : je parle à une communauté qui me fait confiance et je leur donne des infos, donc je les influence plus ou moins, que je le veuille ou non.

Ensuite, quand je travaille avec un partenaire, que ce soit pour une vidéo ou sur les réseaux sociaux, mes règles sont les mêmes au niveau déontologique : il faut que j’estime que le partenaire est clean et digne de confiance, il faut que le partenariat soit très clairement indiqué et il faut que j’aie complètement la main sur ce que je dis.

Pour ce qui est de l’évolution de YouTube côté créateurs, je vois plein de nouvelles têtes, plein de nouveaux types de contenus et c’est très bien comme ça. Je ne suis pas team « c’était mieux avant », à partir du moment où les gens font des choses avec sincérité, sans nuire à personne ni véhiculer de messages dangereux, et que ça plaît, moi ça me va. Évidemment, je trouve ça mieux si c’est intelligent, original, un peu travaillé,  mais c’est juste une histoire de goût. Il y a de la place pour tout le monde.

Pour ce qui est de la plateforme, j’en ai déjà beaucoup parlé et ça ne m’a pas attiré que des bonnes choses. Donc disons que je suis très embêté de ne plus pouvoir traiter de sujets que je juge importants sous peine de sanctions en terme de revenus et de visibilité.  Donc je continue ma chaîne YouTube mais je commence à diversifier mes activités, pour plus de liberté. Et pour ne pas avoir tous mes œufs dans le même panier.

Influenth – Enfin, peux-tu nous parler de tes éventuelles futures ambitions, que ce soit pour ta chaîne YouTube ou pour un tout autre projet ?

Julien – Ma chaîne va continuer avec les formats existants et des nouveaux, au gré des besoins et des envies. J’ai tourné deux projets qui vont voir le jour sur Slash à la rentrée. Un pour lequel je suis l’un des auteurs et l’un des comédiens, et un plus personnel puisque c’est un projet co-réalisé avec Léa Bordier sur une idée à moi, et dans lequel je suis disons « animateur ». J’ai aussi quelques propositions dont je ne peux pas encore dire grand chose, des envies comme jouer davantage dans des fictions, et un rêve : écrire et jouer dans une série.

 

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